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Première soirée aux urgences pédiatriques...

La soirée s'annonçait tranquille...

 

20h. Loulou avait mangé, nous allions nous installer tous les trois confortablement sur le canapé pour une petite histoire et là, je ne sais pas ce qui s'est passé (si vite) mais il s'est tortillé et a dégringolé tête la première sur le coffre en bois qui fait office de table basse.

Hurlements.

Pleurs.

 

Je prends l'enfant dans mes bras pour le consoler mais au bout de 10 secondes je réalise que le sang coule abondamment.

 

Mon sang - à moi- ne fait qu'un tour et pourtant il reste froid pour asséner les ordres à mon mari, encore sous le choc : "va chercher un gant d'eau froide", "va chercher la voisine".
Je lui aboie les ordres comme un chef cuistot à sa brigade.

 

Je compresse la plaie.

Le sang cesse d'abonder, les hurlements aussi.

Je regarde la plaie, béante, profonde. Je ne pensais pas qu'un si petit front pouvait être aussi profond.

La voisine, docteur, arrive. Diagnostic rapide : "il ne s'est pas raté, il faut aller aux urgences. Pensez à toutes ses affaires, il y passera peut-être la nuit."

 

Préparation d'un sac en 2 secs, couches, lingettes, pyjama, biberon d'eau.

Penser à son livre préféré.

Ne pas oublier doudou.

 

20h30. Arrivée au urgences pédiatriques. De nombreux petits bouts sont déjà là, le pansement bien visible, une autre histoire similaire... "elle est tombée dans la douche", "elle s'est rouvert une plaie soignée il y a une semaine". Ou une autre variante, peut-être encore plus terrible "elle a touché le four brûlant"...

 

D'autres enfants de tous les âges arrivent : des touts petits, des ados, des gamins...
L'attente commence. Va et vient du personnel hospitalier, pleurs des enfants, impatience des parents.

 

Mon fils, 19 mois, profite à fond de ce moment volé à la nuit. Il joue, copine avec les autres enfants, montre son doudou à tout le monde. Il me paraît imperturbable et pas fatigué pour un sou.

 

22h. J'ai faim, j'ai sommeil, je suis lasse de suivre Loulou partout. Les autres parents commencent à montrer des signes de fatigue. Les enfants se font examiner au compte-goutte, certains arrivés après nous passent avant.

Je me renseigne auprès d'une employée : pour les plaies, il faut attendre le chirurgien qui est au bloc. Nous passerons après les autres enfants arrivés avant nous.

 

23h. Ces enfants sont pris en charge, l'un après l'autre. L'intervention est rapide, je respire. Une nouvelle colle a été mise au point et les plaies superficielles sont soignées en deux temps trois mouvements.

Pas pour nous. Effectivement, Louis ne s'est pas raté. La colle ne suffit pas. Ce sera des points.

 

Son petit corps est allongé sur cette grande table froide. Nous sommes cinq autour de lui.

Le chirurgien, une jeune femme magnifique, sérieuse, précise.

L'infirmière, qui n'arrête pas de répéter que la jeune femme fait un travail d'artiste, contraiement à celui qui avait recousu son fils il y a 10 ans.

Un jeune interne, souriant, attentif.

Mon mari, qui garde un oeil sur l'enfant et sur

Moi-même, qui m'asseoit pour ne pas tourner de l'oeil...

 

Louis pleure et tente, sans grande conviction, de se débattre, de se libérer de ce masque à oxygène qui l'empêche de voir. Une piqûre lui a endormi tout le front. Il ne cesse de répéter Maman, maman et moi j'essaie de rester calme, de le caresser, de lui dire que je suis là pour lui, que tout va bien se passer. J'aimerais chanter sa berceuse préférée mais ma voix s'étrangle dans ma gorge. Je scrute le plafond pour ravaler mes larmes.

 

Je suis confiante en cette jeune femme que je ne connais pas, qui a travaillé dur pour en arriver là et qui maîtrise parfaitement ses gestes malgré l'heure tardive, les 4 paires d'yeux braqués sur elle et ce petit bébé qui ne cesse de gesticuler.

 

23h35, l'opération est terminée. Louis ne pleure plus, il se laisse porter jusqu'à la voiture, la maison, son lit.

 

Il est minuit quand nous nous couchons. Je sais que je n'irai pas travailler le lendemain. J'ai besoin de temps pour digérer le choc, profiter de mon fils et lui dire que tout ira bien.

 

Quelques jours plus tard, nous retournons à l'hôpital enlever les 2 points externes. Le travail est propre, la cicatrisation a commencé. Le pansement tombera quelques jours plus tard encore.

 

Si j'écris ce témoignage aujourd'hui, c'est pour plusieurs raisons :

 

- exorciser ce malaise et cette culpabilité que je ressens depuis 15 jours. J'ai beau me dire que c'était un accident, j'ai du mal à accepter... mais j'y travaille !

 

- dire aux parents que si vous devez aller aux urgences, pensez à votre confort et celui du bébé :

* de quoi l'occuper pendant les longues heures d'attente : j'ai vu plein d'enfant désoeuvrés qui ne savaient pas quoi faire
* de l'eau et de quoi manger pour vous (votre enfant n'a pas le droit de manger au cas où on l'anesthésie)
* des couches, de quoi le changer, un pyjama au cas où

- enfin, quelques idées pour le personnel hospitalier, on ne sait jamais, si quelqu'un me lit, des choses faciles à mettre en place :

 

* on passe du temps aux urgences à chercher de quoi s'occuper : pourquoi ne pas proposer un panneau ou un guide pratique à consulter sur place avec les gestes des premiers secours ? histoire d'attendre en s'instruisant...

 

* dites-nous les choses à l'inscription, par exemple : ce soir il n'y a qu'un seul chirurgien et vous êtes la quatrième personne avec une plaie. Nous estimons donc votre attente à 2/3/5 heures... quand on sait à quoi s'attendre, ça paraît moins long.

Il y aurait certainement plein de petites choses simples à mettre en place pour faciliter la vie de tous aux urgences et limiter un stress qui plafonne déjà très haut.

 

Pensons-y, pour nos enfants, et pour nous-mêmes !

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C
<br /> <br /> Oh la la qu'elle aventure ! et qu'elle peur aussi sans doute ! Nous nous n'avons été qu'une fois aux urgences pour une fièvre qui ne baissait pas quand bb 1 avait 4 mois 1/2 (il a été hospitalisé<br /> direct pour 3 jours au final).<br /> <br /> <br /> Chez nous le système est pas mal fait : un interne regarde vite fait les enfants et les classent : visite classique avec un pediatre, urgences necessitant une intervention ou un soin, vraie<br /> urgence etc etc. Du coup chacun est dispatché dans une salle adaptée et la prise en charge est rapide.<br /> <br /> <br /> J'espère que ton loulou va mieux et qu'il n'en a gardé aucun souvenir !<br /> <br /> <br /> Bises !<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Super ce système ! c'est exactement ce à quoi je pensais quand on poireautait là-bas... si ça marche chez toi, ça devrait pouvoir marcher partout en France !<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> <br /> Ah l'angoisse! Bravo pour ton sang froid! moi je panique rien que de penser que cela pourrait arriver (et arrivera sûrement) à ma pucinette qui n'a que deux mois...<br /> <br /> <br /> Je m'endurcit grace à ce témoignage!<br /> <br /> <br /> Quand à la culpabilité, elle va avec le rôle de mère. En 2 mois, j'ai pu constater que tout le monde vous culpabilise tout le temps:" faut lui donner un bib de complément elle meurt de faim là",<br /> 'fallait pas lui donner de bib, elle va plus vouloir le sein"  ect..<br /> <br /> <br /> Allez courage n'y pensons plus...<br /> <br /> <br /> A+<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Merci de ton message et de tes encouragements !<br /> <br /> <br /> Tu as raison, l'entourage est souvent vecteur de culpabilisation. Il n'y a que deux personnes à écouter : toi-même, avec ta conviction profonde de maman, et ta fille qui sait très bien ce qu'elle<br /> veut, même si ce n'est pas toujours simple de comprendre un bébé de 2 mois ! (et peut-être aussi le papa, parfois ;)))<br /> <br /> <br /> J'apprends chaque jour de mon fils et c'est toujours lui qui prend les frandes décisions : dormir seul dans sa chambre, arrêter l'allaitement. Je lui fais confiance et ça se passe très bien comme<br /> ça !<br /> <br /> <br /> Bon courage à toi !<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Camille<br /> <br /> <br /> J'espère que ce récit aura rempli son rôle d'exutoire! Je réagis à la dernière partie de ton mail pour avoir déjà passé deux nuits aux urgences pédiatriques. On a aussi ressenti l'attente<br /> interminable (arrivée à 21hreçus la seconde fois à 1h du mat...), l'ordre de passage pas forcément lisible, l'impatience, la faim, la fatigue mais surtout le stress de voir son bébé ici! Mais<br /> aussi la gentillesse et la compétence du personnel soignant, ces internes débordés qui n'oublient pas de sourire. Je complèterai ton appel au personnel soignant par un appel (théorique et dans le<br /> désert bien sur) pour donner davantage de moyens à l'hopital public (vieux scotchs sur les détecteurs de rythme cardiaque, pas de couverture pour les mamans qui passent la nuit à côté du lit à<br /> barreau)!! C'est tellement essentiel:)<br /> <br /> <br /> bises à tous les 3 (sur le front du courageux Louis!)<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Merci Aurélie ! Oui ce texte m'a fait du bien et aussi tous les encouragements qui ont suivi de vous toutes ! Merci pour ton témoignage, il faudra qu'on en reparle à l'occasion ! Je t'embrasse !<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> <br /> Ne te culpabilises pas, ce n'est pas de ta faute ... ton petit bouchon apprend la vie, avec ses hauts et ses bas, il n'en gardera aucun souvenir, alors fais en sorte que ce soit pareil pour toi<br /> :)<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Tu as raison et je commence à bien l'intégrer... ce petit billet a bien joué son rôle de psychothérapie express ! Merci ;)<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Merci ma belle d'avoir eu le courage d'écrire tout ça! tu viens de découvrir le passage "obligé" presque des parents!!!<br /> <br /> <br /> Effectivement, le personnel ne communique pas bien car quand on pose les choses et bien ça évite de s'énnervé comme :  si un nourrisson arrive, il sera prioritaire et encore plus s'il<br /> arrive aves les pompiers...ect. C'est vrai que dans ses moments là nos enfants sont incroyablement forts car malgré leur douleurs ils continuent de vivre alors que nous on est marqué !<br /> <br /> <br />  tu ne l'oublieras pas celle là malheureusement j'ai envie de dire!<br /> <br /> <br /> Mais on continu a vivre avec cette image au ralenti ( de la chute, de la brulure et cette question qui revient sans cesse pourquoi tu n'as rien fait! parce qu'on est humain et qu'il nous faut un<br /> temps pour comprendre ce qui est en train de se passer!!!et pour agir en suivant!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un gros bisous guerisseur pour  ton loulou et toi!!!<br /> <br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Merci Nadia !!<br /> <br /> <br /> <br />