12 Mai 2020
Dès samedi et pendant 10 jours, Bordeaux va accueillir le Drive-in festival avec la projection de 10 films visibles depuis une voiture grâce à un écran géant de 190m².
Depuis son annonce hier, cet événement fait le buzz avec des avis bien divergents, entre enthousiasme et rejet total. Voici le mien.
🚕 Un symbole bien mal choisi pour entrer dans « Le monde d’après »
Depuis des années, la place de la voiture dans le centre-ville de Bordeaux se réduit. Si certains s’en réjouissent, d’autres ont encore du mal à comprendre. Choisir un drive-in pour relancer une activité culturelle, c’est faire un immense pas en arrière… Cela va à l’encontre de ces nouvelles habitudes encore si difficiles à acquérir et ajoute de la confusion.
🌬 Des mesures sanitaires en demi-teinte
« Les normes sanitaires seront respectées ». On parle bien ici des consignes pour lutter contre la propagation d’un virus. Mais il existe bien d’autres risques sanitaires… Comme celui de regrouper 200 voitures dans un embouteillage le temps que chaque voiture valide son entrée et trouve sa place. Sans compter la forte possibilité de faire tourner les moteurs pour se réchauffer si le froid arrive dans la nuit. Vitres fermées, les passagers des voitures ne seront pas protégés de la pollution engendrée par toutes ces voitures alentour. Et ceci avant, pendant et après le film.
💵 La question du tarif
Beaucoup de voix s’élèvent sur le prix du billet (10€ par personne, 5€ par enfant, 3 personnes maximum dans la voiture). On pourrait s’attendre à ce qu’une initiative comme celle-ci soit gratuite pour que TOUS les Bordelais puissent en profiter. Pour que la magie du cinéma ne soit pas encore une fois réservée à ceux qui y ont régulièrement accès.
L’association organisatrice rétorque que les bénéfices seront reversés à des salles de cinéma en difficulté. Le reportage de l’INA diffusé sur le site du Bonbon montre que la folie du drive-in en France a rapidement périclité car c’était un gouffre financier.
Drive In : le cinéma en plein-air en voiture s'installe sur la place des Quinconces
BREAKING NEWS ! Un nouveau festival fera son apparition d'ici peu pour réveiller le paysage culturel de la (re)belle-endormie. Bordeaux accueillera du vendredi 15 au dimanche 24 mai, le concept de...
Alors quel sera vraiment le bénéfice engrangé une fois tout le matériel et le personnel payé ? Sur les 50.000€ (calculé au doigt mouillé), combien seront effectivement reversés ? Je m’interroge.
🎬 Quel lien avec les professionnels de la culture à Bordeaux ?
L’association organisatrice dit qu’elle travaille avec le tissu local associatif dans chaque ville qui accueille le festival. Mais d’après mes contacts dans le milieu culturel, peu de contacts ont été effectivement pris. Une occasion ratée de soutenir des structures en difficultés et pourtant plein d’idées.
🌎 Ah les écolos, ce que vous êtes rabat-joie !
Cette image nous colle à la peau, la sobriété heureuse étant encore méconnue donc mal-aimée… Bien au contraire, nous aimons la vie, l’art, la beauté… Et il y a tant de façons de célébrer et partager la magie du cinéma…
🌱 Notre équipe de Bordeaux respire a par exemple proposé du cinéma en plein air, à la belle étoile, avec transats et couvertures en respectant les distances de protection voulues par la situation. C’est tout aussi simple de mettre des indications au sol pour des transats (ou de les installer en amont) avec du personnel pour cadrer les éventuels indisciplinés.
🌱 En Italie, est née l’idée du drive-in à bicyclette. Voilà ! Là on est dans le monde d’après, celui dont je rêve moi en tout cas ! De la créativité et du bon sens !
🌱 Ou encore cette idée qui se propage autour de la projection de films sur des façades d’immeubles en faisant jouer la collaboration entre voisins. Tous ensemble, chacun à sa fenêtre. Une nouvelle idée de la convivialité comme nous l’avons vécue pendant le confinement.
Le monde d’après nous invite à nous réinventer.
Soyons créatifs et n’oublions personne en chemin !